mardi 5 septembre 2017

Pourquoi les sites d'infos marocains sont-ils des adeptes du "mauvais clickbait"?

Viol collectif d'une jeune fille dans un bus à Casablanca, acte de zoophilie de 15 enfants marocains à l'encontre d'une ânesse à Sidi Kacem, le phénomène de la propagation de la viande verte pendant l'Aid El Kebir, découverte d'une vraie caverne d'Ali Baba dans le domicile d'un député et bien d'autres histoires. Les titres des articles de la plupart des sites d'information marocains sonnent tellement faux qu'on y croit sans vraiment nous poser de questions. Mais qu'est-il arrivé à nos Médias? Ils ont tout simplement été contaminé par la vague du clickbait. Mais alors, c'est quoi le clickbait et pourquoi nos médias sont-ils aussi friand d'une technique Marketing qu'ils utilisent à mauvais escient ? 


Le clickbait est une technique de titraille que la majorité des marketeurs et des journalistes utilisent pour attirer l'attention des internautes. Pour la petite histoire, il semblerait que le Huffigton Post de Jonah Perriti soit le pionnier en la matière à travers la mise en forme de titre à sensationnels couplés d'images provocantes. 

Les articles du Huffigton Post sont très vite devenus plus provocants, plus séduisants, plus cliquables que la majorité des autres articles concurrents. Même pour le sujets relevant du Hard News en politique et en économie, le Huffpost a réussi à canaliser l'attention des internautes. Son secret? des Headlines originaux qui nous pousse naturellement à cliquer tout en connaissant pertinemment ce qui se cache derrière. 

Cette technique qui promettait de révolution le monde du Web Content n'a pas eu le même effet sur la planète du journalisme. Au delà des Fake news et des rumeurs, le clickbait est considéré comme particulièrement ravageur car il véhicule une vérité ou des informations approximatives tout en faisant usage d'hyperbole pour accentuer l'ampleur des propos. Il est le contraire de l'exactitude et de l'objectivité de l'information qui sont l'une des règles maîtresse du journalisme. 

Pourtant, le passage à l'ère digitale oblige les journalistes et les rédacteur en chef du monde entier à changer de paradigme. Il faut absolument attirer l'attention des internautes par tous les moyens possibles : en ajoutant des photos, des vidéos ou en travaillant sur la titraille. 

Le clickbait est bon quand il est utilisé pour bien communiquer ou vendre un article; et surtout quand la promesse du titre est tenu dans le contenu de l'article. Cela dit, ce dernier devient mauvais quand le journaliste en fait usage à tort et à travers surtout dans un contexte de mondialisation. 

Dans un monde où l'ubiquité médiatique fait rage, le mauvais clickbait a des conséquences terribles, limite apocalyptiques. C'est le cas par exemple des médias francophones en France comme lemonde.fr ou bfmt.tv qui ont repris les informations sur la zoophilie à Sidi Kacen alors que celles-ci ont été démenti plus tard par le site d'information marocain Desk.ma

Alors, pourquoi nos médias utilisent le clickbait? Vous allez certainement me dire que c'est pour gagner plus de lecteurs et donc plus d'argent à travers les revenus publicitaires.  Nos journalistes ont vraiment conscience de leurs actes ? les patrons des sites d'infos encouragent-ils vraiment cette manœuvre ? Savent-ils que Facebook a pris et prend toujours des mesures à l'encontre du clickbait ? Et enfin, les médias marocains gagnent-ils vraiment de l'argent avec cette technique?  


samedi 26 août 2017

Pour un débat national sur le nouveau rôle des journalistes au Maroc




Les médias marocains sont en plein changement. Nouveaux modèles économiques, nouvelles stratégies de développements, nouveaux formats, utilisations de technologies et des réseaux sociaux sont autant d’éléments qui confronte les médias (TV, radio ou presse écrite) à un nouveau paradigme. Mais qu'en ai t-il du rôle du journaliste ? Dans un monde où l'ubiquité médiatique fait rage, les journalistes sont-ils toujours conscients de leur importante dans cette chaîne de valeur ? 

Les derniers événements au Maroc (viol collectif, inceste, agressions sexuels dans la rue) montrent que les journalistes marocains sont complètement perdus et déboussolés. Pris dans l'engrenage de la réactivité et de l’immédiat, nos journalistes ne font plus la part des choses. Ils n'ont pas le temps ni l'espace pour avoir assez de recul afin de creuser un sujet et encore moins identifier une problématique. 

La plupart des journalistes marocains ne sont pas conscients de leur importance dans ce nouvel écosystème. Leur rôle ne peut plus être confiné à transmettre ou raconter une information de manière objective. Tout le monde est en mesure de le faire sur les réseaux sociaux. Et quelle est donc la valeur ajoutée du journaliste ? Dénicher une photo ou une vidéo pour illustrer une information ? 

Le travail d'un journaliste est dur : physiquement, mentalement et moralement. Aujourd'hui, ce qui pose vraiment problème à nos journalistes, c'est tout d'abord le mental. Tenir tête à son rédacteur en chef ou son directeur de publication pour lui faire accepter un bon sujet. C'est aussi moral : ne pas raconter de rumeur et de mensonge, violer la vie privé et le droit à l'image d'une source. 

Il y'a donc clairement une obligation de mener une profonde réflexion sur la manière avec laquelle on choisi et on forme nos journalistes. Les rôles et les missions que l'on leur inculque, mais aussi la marge de liberté, les moyens financiers et économiques que leur accorde. Il nous faut un débat national pour parler du rôle, celui d'un acteur de la société qui est en contact permanent avec la société, la société civile et le politique. 

mardi 15 août 2017

10 chose à savoir sur Télé Maroc, la télévision de toutes les promesses


Deux mois après l'imminent lancement de Télé Maroc, le nouveau-né du paysage audiovisuel marocain a fait couler beaucoup d'encre surtout grâce à la très polémique émission la rançon de la gloire animée par la gracieuse Bouchra Ddeau. Voici les éléments essentiels pour comprendre la situation économique de Télé Maroc. 






1- Télé Maroc est une télévision généraliste diffusée en Darija qui compte pas moins de 52 programmes. Il y en a pour tous les goûts : des documentaires, des films, des feuilletons, des matinales et de l'information.

2- A travers Télé Maroc, Rachid Niny veut offrir une plateforme de débats sur tous les sujets qui préoccupent les Marocains et promet des programmes originaux, sans tabou avec un style décalé.

3- Pour bien préparer son lancement en juin 2017, Rachid Nini et son équipe travaille ( 25 ans d'age en moyenne) ont travaillé un peu près trois ans sur la production de contenu.

4- Pour le lancement de Télé Maroc, les équipes de Rachid Niny ont mis en place un ensemble de teaser sur les émissions les plus emblématiques de la chaîne. Ces derniers ont été massivement visionnés et partagés sur les réseaux sociaux.

5- La location de la fréquence satellitaire sur Nile Sat coûte environ 30.000 euros par mois et l'investissement pour la création de Télé Maroc a nécessité un budget type.

6- Télé Maroc a été entièrement financée par les fonds propres de Rachid Niny et son frère qui n'est autre que son associé dans cette affaire.

7- Concernant son modèle économique, Rachid Niny compte miser sur la publicité des annonceurs pour atteindre l'équilibre financier et étoffer ses équipes.

8- Au bout de la première année, Télé Maroc a pour objectif de s’accaparer 30 % de part de marché.

9- Deux mois après son lancement, Télé Maroc possède 110 599 abonnées sur Youtube où il est possible de visionner la chaîne en direct et 495 065 fans sur Facebook.

10- Télé Maroc a suscité une large polémique auprès des internautes, mais aussi auprès des professionnels des médias et pour cause l'émission "Daribat Achouhra" ou la rançon de la gloire en français. Cette émission et son animatrice ont été sévèrement critiquées pour leur manque de professionnalisme et pour leur volonté de provoquer le buzz.

lundi 10 juillet 2017

10 choses à retenir de l'enquête "La Télévision Marocaine à l'agonie"


Modèle économique dépassé, absence de mission de service public et échec de la politique de libéralisation des ondes... voici les principaux résultats d'une enquête sur la télévision marocaine.




La télévision marocaine n’est pas encore morte. Selon le journaliste, Ghassan Wail El Karmouni, cette dernière serait en train d’agoniser. Dans son enquête « la télévision marocaine à l’agonie » dans le magazine « Economie Entreprise » du mois de juillet 2017,  le journaliste évoque plusieurs éléments importants à la compréhension de la nouvelle donne du paysage audiovisuel marocain. Des scores à l’audience jusqu’au financement et au modèle économique de la télévision marocaine, voici les 10 choses à savoir sur la télévision marocaine en 2017.


  1. Pendant le mois de ramadan 2017, la chaîne Al Aoula de la Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision (SNRT) a enregistré un score qualifié du plus bas historiquement soit 6,4%. 
  2. Selon les études d’audiométrie commanditées par la HACA, plus de la moitié des Marocains regardent les chaînes étrangères. 
  3. Après 12 ans de libéralisation des ondes, la politique audiovisuelle publique sonne comme un véritable échec. 
  4. Le modèle économique de la télévision publique marocaine doit être redéfini dans la mesure où la télévision subit des blocages politiques, la télévision étant considérée comme un outil de propagande étatique, mais aussi des blocages économiques dont la mesure où la télévision publique est en concurrence avec les projets privés. 
  5. Aucune mention relative à la qualité des programmes ou à leurs objectifs ne figurent dans les appels d’offres des chaînes de télévision. 
  6. La mission publique est absente. Les chaînes publiques ont délaissé les missions de service public à savoir informer et éduquer pour investir dans le divertissement. 
  7. 11 ans après la définition d’une feuille de route validée par le roi Mohammed VI qui préconise la restructuration de 2M et de la SNRT en société Holding, rien n’a été fait.
  8. L’objectif de la restructuration en Holding devrait jouer un rôle moteur dans le processus de développement du secteur, de remédier aux insuffisances organisationnelles, managériales et d’assurer la mise à niveau souhaitée. 
  9. Les quotas de production externes (30 à 40%) sont impossibles à réaliser. Ils déstabiliseraient financièrement les chaînes.  
  10. La télévision marocaine capte 30% du marché publicitaire et c’est bien 2M qui se taille la part du lion avec plus de 60% des parts de marché. 


mercredi 30 novembre 2016

Why 2M Make up tutorial is actually a good thing

The Moroccan TV 2M hides a truth and reveals another one. 





What happened exaclty ? 



The Moroccan TV channel 2M have been on the spot light since the channel demonstrates how to cover up domestic violence with make up.

It goes back to Wednesday 23th November, 2016  where 2M have broadcast Make up tips in a popular daily Show TV called "Sabahiyat 2M".

On the occasion of the world day to combat domestic violence, the Make up artist stated that "the sequence was made for moroccan women how suffer from domestic violence and who need to hide it".

In the Make up sequence, the Make up artist explained what colors and what beauty product to use in a very calm and professionnel way.




Until then, the responsable have notice anything wrong. At 3 PM on Friday 25th, the moroccan newspaper Telquel finally reacted and wrote an article called "The hallucinatory advice of 2M for beaten women". And it was at this point where the information became a real scandal.

Althought, 2M reacted very quickly with a press release, it was too late. The information was trending worldwide and it became the number one subject of discussion in in the moroccan social media for almost 3 days even after the journalist's apologies for the Make up segment.

Why it's the biggest Moroccan TV scandal ? 



2M is a moroccan TV known for its editorial line that defends women's rights. In fact, they said that "they have been defending moroccan women since 27 years".

In fact, they adopted in 2015 a charter for the enhacement of women's image and avoid degrading representation of women.

Actually, 2M is the only moroccan media who considers women's right. They are not allowed to make such a terrible mistake especially on the occasion of the world day to combat domestic violence.

Also, 2M is under the surveillance of the HACA who controles and penalizes offenses committed by public and private moroccan broadcasters.

It clearly emphasises that there's a lack in control and surveillance in both 2M and HACA.


What we have to learn from this ?  


Once again thanks to social media, the Moroccans expressed their anger and they mobilized through petition signature.

Also, this case is a first in the history in moroccan public broadcasters because "for the first time a moroccan channel apologizes for its public", as stated M. Bensfia Adellatif, a professor in ISIC.

Once again, this case shows that Moroccan Public Broadcasters lack of control and surveillance and need to evaluate and learn from their mistake.

"Public service media need to adopt a participatory approach in order to put mechanisms like the charter for the enchacement of women's image, stated M. Bensfia Adellatif,  that's why 2M staff didn't how to deal with that subject".

In fact, TV channels like 2M need to communicate about it externally but mainly internallyand put some guidance to follow and put a specific oversight committee.







lundi 16 juin 2014

Violence, Censorship and Freedom of Press: The Moroccan case (Final Part)

“The freedom of the press is an idealistic concept in Media; the press sticks to its independence because it challenges its credibility but also because that this latter is selling it”, reveal Mr. Hidass, the Media expert. In fact, according to the UNECSO definition, “To be free, a press must be independent and pluralistic: Independent of any government, political, economic or any control of the means of it production and diffusion to control it spread; pluralistic by the absence of any media monopoly, the existence of the largest number of newspapers reflecting the widest range of opinion in the community.” 

Nevertheless, wining in autonomy on the "power of money" remains the main challenge for the media in the all over the world. Media must have professional teams receiving adequate training. As for journalists have the obligation to respect the ethics of their profession in order to regain the respect of their audience.

The media in Morocco is still a hot topic. The announcement of the forthcoming reform of the code of press is intending the promulgation of a new modern text without deprivation of liberty which guarantee the right of access to information, and set up mechanisms of self-regulation of the profession. It occurs to be in line with the new constitutional provisions of 2011 and international conventions by preparing a project that provides freedom of the press while enabling the sector to regulate itself.   

For the record, Ali Anouzla is known for its critical stance towards the regime while working in the online media independent platform “Lakome”. In August 2013, the website was behind the King’s pardon for a convicted Spanish paedophile known as the Daniel Gate. On the occasion of the World Day of Press Freedom held on May 3th, the journalist was listed among the "100 heroes of information" by RSF.

Anouzla’s trial is registered in the history of lawsuits against the most publicized journalists in Morocco and abroad.  In May 30th, the Ali Anouzla’s case finally get settle. The Court of Appeal issued one month suspended prison sentence with 5,000 dirhams fine against Ali Anouzla.


Despite high profile cases like Ali Anouzla’s case, Mustapha El Khalfi, who is minister of communication and a government spokesman, said “the freedom of the press is experiencing some improvement.” As a matter of fact, court cases concerning the press have decreased more in 2013 than in 2012. According to El Khalfi, there were only 48 such cases in 2013 compared to 106 the previous year.