lundi 18 septembre 2017

Pourquoi les médias marocains ont désespérément besoin d'une stratégie de transformation numérique

Les médias marocains se trompent sur toute la ligne : une stratégie de transformation numérique ne résume pas à publier des articles sur un site web et les partager sur les réseaux sociaux. Les médias comme n'importe quelle entreprise doit investir dans la mise en place d'une stratégie de transformation numérique qui les propulse dans un nouveau paradigme avec de nouvelles règles et de nouveaux usages. Actuellement, la plupart des médias marocains possèdent des sites web et publient sur les réseaux sociaux. Ils ont même consacré un budget par rapport à la sponsorisation de leurs publications sur Facebook en l’occurrence. Mais quand on veut intégrer la planète Digital, il faut suivre les nouvelles règles de jeu au risque de se faire oublier, pire, de se faire éjecter par la concurrence.  




En quoi consiste une stratégie de "transformation numérique" ? 

Tout d'abord, le terme "transformation numérique" qui est en vogue dans toutes les rédactions aujourd'hui signifie "le processus qui consiste, pour une organisation, à intégrer pleinement les technologies digitales dans l'ensemble de ses activités".

En d'autres mots, c'est une démarche à travers laquelle une entreprise utilise la technologie au service de ses objectifs de développement. Donc, pour se digitaliser, un média a donc besoin d'une stratégie à l'issue de laquelle il identifie ses objectifs, ses cibles et ses moyens d'interventions.

Pour une mise en place effective, il doit lui affecter des ressources financières et humaines. Certains médias vont jusqu'à désigner un directeur du Digital pour orchestrer l'ensemble des opérations. 

Quelles sont les conséquences de la transformation numérique pour une entreprise médiatique ? 

Outre l'apparition de nouveaux formats de contenus et de nouveaux canaux de distribution, l'une des conséquences les plus probantes du passage au numérique n'est autre que l'adoption de nouveaux modèles économiques. La plupart des médias marocains ont déjà jeté leur dévolu sur la publicité en ligne. En faisant appel à des régies digitales ou en passant tout simplement par Google Adsens ou la publicité sur Facebook.

Parfois, la publicité en ligne n'est pas rentable, car le trafic de la plupart des sites d'information est faible et le marché publicitaire marocain n'est pas encore assez mature afin de financer l'ensemble des médias marocains. D'autant plus que les contenus ne sont pas toujours à la hauteur des attentes de l'audience. Résultat seuls quelques médias s'accaparent la part de lion. Les autres vivent le jour au jour sans avoir d'objectifs à long terme. 

Quels sont les gains de la mise en place d'une stratégie de transformation numérique? 

Aujourd'hui, les médias marocains ont plus que jamais besoin de peaufiner leur stratégie. Le digital a beaucoup d'inconvénients notamment la recherche de financement, l'investissement dans le matériel; système d'information et solutions de stockage de données ; par contre, il possède des avantages vertueux qui permettent de propulser une entreprise dans le long terme et garantir sa pérennité.

On peut citer la conquête de nouvelles audiences à travers le développement de nouveaux produits ou de nouveaux services. L'entreprise médiatique peut se limiter à son secteur de prédilection, c'est-à-dire l'information ou investir dans un autre secteur comme le e-commerce. Le numérique permet d'agrandir son réseau et entretenir des relations avec les influenceurs au quotidien.

Par ailleurs, le numérique permet aux entreprises médiatiques de développer des solutions informatiques qui solutionnent plusieurs problèmes dont les problèmes Marketing ou techniques. C'est le cas par exemple des chaînes de télévision qui ont développé des outils d'e-réputation afin de réajuster les programmes de télévision selon le goût des téléspectateurs. 

Quels sont les leviers d'une stratégie de transformation numérique ? 

Pour une mise en place efficace, les médias marocains ont besoin de prendre en considération 5 éléments pour la détermination de leur stratégie de transformation digitale. Il s'agit de l'organisation de l'entreprise, la technologie et l'innovation, la formation et le recrutement, les produits et les services et l'environnement professionnel juridique.

Un média peut donc adopter une stratégie de transformation numérique qui influence par exemple l'ensemble de ces éléments en créant un département digital, en recrutant des digital native grâce à Linkedin, en utilisant les technologies pour communiquer et créer un espace de partage d'idée, en investissant dans la création de vidéos étant donné que c'est un contenu porteur sur le web et enfin en liant des partenariats avec les autres médias pour la création du contenu et pour sa distribution.

Alors, êtes-vous prêt à développer votre stratégie de transformation digitale ? N'attendez pas, les entreprises de demain sont celles qui ont réussi leur transformation numérique.

mardi 12 septembre 2017

La Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision (SNRT) : le défi de la transformation numérique

Introduction de mon Mémoire pour l’obtention du diplôme du Master spécialisé en « Economie et management des Médias »



La transformation numérique affecte toutes les entreprises et en particulier les entreprises médiatiques. Autrefois cloisonnés, les médias dits traditionnels (Télévision, radio et presse écrite) ont tous convergé vers un seul support : le web, offrant ainsi de multiples services tout en adaptant et en personnalisant leurs contenus.

Néanmoins, la télévision, qui était autrefois un média de prédilection a depuis quelques années perdu sa place de prestige sur ce nouveau marché. Selon l’auteur de la fin de la télévision[1], «Avec la fragmentation et la vidéo à la demande, le rendez-vous disparaît. Avec la démédiation et la dépendance, le média s’efface. »

En effet, le numérique a été responsable de la multiplication des nouveaux acteurs de la vidéo et donc de la multiplication de programmes que l’on peut regarder à tout moment de la journée, et ce, sur plusieurs supports.

Aujourd’hui, la télévision marocaine est non seulement confrontée à la concurrence  des chaînes de télévision étrangères mais aussi des pure players du type Netflix ou YouTube, le tout dans un écosystème bien spécifique qui a instauré des règles de jeu bien précis, à savoir l’instantanéité et la fragmentation des audiences. Pour survivre, les chaînes de télévision du monde entier ont été obligées d’emprunter le long virage de la transformation numérique afin de satisfaire les nouveaux besoins et les nouveaux modes de consommation de l’information.

Quand on aborde le paysage audiovisuel marocain, il faut savoir que les chaînes de télévision publique se sont généralement adaptées à la transformation numérique à travers tout d’abord le passage de la transmission analogique à la transmission numérique (TNT). Ces mêmes chaînes ont créé des plateformes de diffusions sur le web pour diffuser les contenus médiatiques en direct ou en différé de leur diffusion. C’est le cas de la SNRT, l’opérateur historique qui est la seule chaîne de télévision marocaine à posséder un site web spécialisé pour le visionnage en streaming.

La transformation numérique de la SNRT s’est opérée à partir de l’année 2006 dans le contexte de la première vague de libéralisation des ondes. Considérée depuis 1962 comme étant un outil de communication de l’Etat, l’opérateur historique a depuis connu plusieurs changements qui ont été largement impulsés par l’introduction d’un nouveau statut et de la prise en compte de la notion de mission de service public. Ainsi, plusieurs chantiers ont été amorcés et en préalable celui de la réforme de l’organisation qu’il fallait adapter aux nouvelles méthodes de management moderne.

Il faut savoir que le numérique est un puissant facteur de la transformation actuelle des médias marocains grâce aux innovations de la numérisation de l’information qui entraînent des bouleversements à la fois économiques, sociaux et technologiques. Concrètement, la transformation numérique impose à un média un certain nombre de défis, en termes de reconnaissance sociale, de création de contenu spécifique, de fragmentation de l’audience, de délinéarisation, de renouvellement des compétences et de business modèle.

Pour la télévision publique marocaine,  l’étude de ce phénomène est d’une importance capitale car elle remplit des missions de service public et elle est dans l’obligation de diffuser des programmes à l’ensemble des citoyens et ce à travers tous les canaux de diffusion disponibles. Par ailleurs, l’étude  de la transformation numérique est un domaine de recherche qui nécessite  d’être approfondie et décortiqué aux vues des spécificités du secteur audiovisuel de chaque pays.  Et donc l’étude de la SNRT à l’ère du numérique prend tout son intérêt si l’on regarde en profondeur les défis imposés par le numérique, à travers une démarche scientifique.

Pour David Fayon et Michael Tartar[2], la transformation numérique est une opportunité qui suppose une véritable transformation. Pour se faire,  ils ont identifié cinq stratégies de digitalisation d’entreprises possibles pour rendre son entreprise compatible avec le digital : attentisme, impressionnisme, externalisation, intégration et transformation numérique. Et c’est cette dernière qu’il convient d’appréhender et de mettre en œuvre.

Pour piloter ce changement, le Top management doit impérativement prendre conscience que le numérique induit des changements de fond en comble. En effet, la transformation numérique est un chantier à part entière qui nécessite avant tout des compétences pour assurer son déploiement ainsi que des changements au niveau de la culture d’entreprise et des usages des technologies. Et dans ce nouveau jeu, c’est les pures players qui sont le grands gagnants et ce sur tous les plan. Avec des employés qui sont parfois très jeunes et une culture digitale largement présente et un goût prononcé par le renouveau, les startups du web demeurent les grandes championnes de la transformation numérique.

En ce qui concerne une entreprise de télévision historique comme la SNRT, il est certain que sa transformation numérique est bien particulière dans la mesure où à la différence des autres entreprises des autres secteurs, la SNRT doit obligatoirement effectuer sa transformation numérique pour s’adapter aux nouvelles pratiques de consommation des médias. De plus, la SNRT est une entreprise de télévision publique et son processus  de transformation numérique est inscrit dans un écosystème bien complexe, en présence de différents acteurs  qui ont une incidence sur sa stratégie ainsi que son financement.

De ce fait, peut-on encore effectuer sa transformation numérique sans que l’entreprise modifie son organisation et sa gestion, sans recruter les nouveaux métiers du web, sans que le cadre juridique soit un véritable levier pour accélérer et faciliter les initiatives des managers, ou encore sans que la création de la valeur de l’entreprise implique les nouveaux acteurs du web ? Il est donc impératif de relever quels sont les leviers de transformation qui représentent un véritable défi pour la SNRT. 

Il faut savoir aussi que la SNRT est une entreprise qui est toujours en plein chantier et qui nécessite le déploiement de plusieurs projets afin de moderniser sa structure et surtout accroître sa productivité. A ce titre, il s’agit de répondre à travers ce mémoire à la problématique suivante : quels sont les défis auxquels la SNRT sera affrontée pour sa transformation numérique ? Et quels sont les scénarios possibles pour les relever ?

Pour avoir une réponse à ces deux questions, nous avons choisi de recourir à la réalisation de cette étude qualitative à d’entretiens semi-directifs. L’étude qualitative est une recherche qualitative[3] qui est principalement exploratoire. Elle est utilisée pour acquérir une compréhension des raisons sous-jacentes, les opinions et les motivations dans la mesure où elle peut fournir un aperçu à un problème potentiel ou tout simplement développer des idées ou des hypothèses autour d’un sujet de recherche.

Notre étude qualitative se base sur la réalisation d’entretien semi-directif[4] qui est une technique de collecte de données qui contribue au développement de connaissances favorisant des approches qualitatives et interprétatives relevant en particulier des paradigmes[5].

L’objectif de ces entrevues était de chercher à explorer la démarche de la transformation numérique dans les médias audiovisuels publics marocains. Les conférences sur la transformation numérique au Maroc se sont multipliées depuis ces dernières années. Le sujet est devenu d’un grand intérêt pour les marketers.

Il nous apparaissait donc important d’avoir le point de vue d’individus quotidiennement interpellés par cette question. Nous voulions connaître leurs opinions personnelles et professionnelles sur le sujet, obtenir de l’information sur les expériences afférentes vécues dans le cadre de leurs fonctions et découvrir comment la télévision publique marocaine peut relever les défis de la transformation numérique.

Cette méthode de recherche a permis non seulement d’approfondir le sujet de recherche et de l’alimenter en détails, mais aussi de nouer des liens avec des individus qui, par la suite, ont gracieusement offert de la documentation supplémentaire pertinente au sujet d’étude.

Les différentes étapes de la réalisation de ces entretiens ont compris tout d’abord la partie préalable au terrain. C’est à l’issue de cette étape que nous avons identifié les personnes qui sont concernées par ce phénomène au sein de la SNRT mais aussi dans le monde professionnel et universitaire.

La seconde étape constituait la phase de pré-test et de validation du guide à travers laquelle nous avons constitué les guides d’entretien selon les différents profils de personnes. 
La troisième étape résidait dans la mise en contact avec l’informateur et la détermination du jour et de l’heure de l’entretien.
La quatrième étape était éventuellement le déroulement des entretiens dans laquelle chaque entretien s’est déroulé d’une manière spécifique car conditionné par la relation de confiance avec l’informateur.

Afin d’exposer les réponses à notre problématique, nous allons voir dans un premier temps que la transformation numérique est un passage obligé de la SNRT, de manière à étudier tout d’abord les processus de la transformation numérique et ses conséquences sur les entreprises de télévision ainsi que les différentes stratégies de digitalisation des chaîne de télévision publique.  Nous allons voir par la suite que la SNRT qui à travers ses fonctions et ses évolutions est appeler à effectuer sa transformation numérique.

Dans un second chapitre, nous allons voir la nature des défis de la transformation numérique, de manière à passer en revue les différents défis de la transformation numérique qui ont été identifiés à travers notre revue de la littérature.

Dans une seconde partie, nous allons voir deux scénarios possibles pour affronter les défis de la transformation numérique de la SNRT. Nous allons voir aussi que la réalisation de scénarios a nécessité une analyse approfondie des réponses des entretiens semi directifs qui s’est basée sur un va-et-vient constant entre la connaissance théorique et les informations récoltées sur le terrain.



[1] Jean-louis Missaka. La fin de la télévision. Edition Broché 2006
[2] David Fayon et Michael Tartar. « Transformation digitale. 5 leviers de transformation ».  Edition : Pearson 2014
[3] Muchielli A. (2009), Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales, dir. 3e édition, Paris, Armand Colin.
[4] Savoie-Zajc L. (1997), L’entrevue semi-dirigée, in B. Gauthier (éd.), Recherche sociale : de la problématique à la collecte des données (3e éd., pp. 263-285). Sainte-Foy : Presses de l’Université du Québec.
[5] Lincoln Y.S. (1995), Emerging criteria for quality in qualitative and interpretive research. Qualitative Inquiry, 1, 275-289.

mercredi 6 septembre 2017

5 choses que j'aurais aimé savoir avant de commencer ma recherche d'emploi au Maroc

854.000, c'est le nombre de diplômés chômeurs au Maroc selon le HCP en 2016 et depuis à peine deux mois, j'en fais partie. Je savais que la recherche d'un emploi est une tâche difficile : il faut s'y prendre à l'avance et avoir une véritable stratégie. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de commencer mes recherches pendant la préparation de mon mémoire. En un espace d'une seule année, j'ai eu 3 expériences professionnelles, toutes différentes les unes des autres. Aujourd'hui, je suis toujours à la recherche d'une expérience professionnelle stable, mais j'aimerai avant tout partager avec vous quelques points pour vous préparer à trouver le job vos rêves. 



1- La plupart des recruteurs marocains ne savent pas ce qu'ils veulent

C'est un fait. La plupart des annonces qui sont rédigées par les recruteurs et que l'on retrouve sur les sites d'emploi ou sur les réseaux sociaux ne sont pas concises. Non, elles n'ont pas été rédigées pour aiguiser la curiosité des candidats. Les recruteurs sont tellement désemparés qu'ils vont jusqu'à faire perdre leur temps en engageant des candidats qui ne conviennent pas au poste. 

2- Les "bonnes offres d'emploi" sont déjà prises ou n'existent pas tout simplement  

Dans ce jeu de la recherche d'un emploi, la chance du débutant est pratiquement inexistante. Pour un premier job, il faut savoir faire des concessions, mais trop. N'acceptez pas des jobs qui sont mal payés et où il n’y a pas la possibilité d'évoluer. N'ayez pas peur de négocier votre salaire. Avant d'accepter un emploi, prenez connaissance que les avantages sociaux (CNSS, CIMR ou assurance privée) sont importants et que vous devez les prendre en considération lors de la détermination de vos prétentions salariales. 

3- Les recruteurs marocains adorent déstabiliser et rabaisser les candidats pour leur proposer des salaires qui sont très bas

Entre les multinationales qui proposent des emplois avec des contrats ANAPEC à 6000DH et des agences de communication qui proposent un salaire de 5000-6000DH pour des postes laborieux, nombreuses sont les anecdotes de ce genre. Encore une fois, n'hésitez pas à négocier votre salaire. Ne croyez pas qu'on va vous accorder une augmentation les mois qui suivent. Montrez-vous en même temps fier et humble, ayez confiance en vos capacités et en vos ambitions. 

4- L'environnement de travail est très important 

Trouver un emploi ne se résume pas à négocier le bon salaire, car on ne peut pas négocier la culture d'entreprise ni le capital humain en d'autres mots, vos collègues. J'ai dû quitter un emploi à cause de l'environnement de travail. On est tous d'accord sur le fait qu'il est impossible de travailler avec des collègues ou un collègue qui pratiquent un harcèlement moral ou sexuel. Il est important de mener vos recherches. 

5- Enfin, la recherche de "l'emploi de vos rêves" prend du temps

Fini le temps de nos parents et grands parents où tout était simple. Aujourd'hui, de plus en plus de personnes sont recrutées grâce aux pistons. Les recruteurs choisissent de moins en moins un candidat selon les compétences pour un poste. Les recruteurs veulent de plus en plus exploiter les jeunes diplômés en leur accordant des salaires de misère. Soyez patient, ayez une stratégie en tête et surtout n'oubliez pas la voie de l'entreprenariat...



mardi 5 septembre 2017

Pourquoi les sites d'infos marocains sont-ils des adeptes du "mauvais clickbait"?

Viol collectif d'une jeune fille dans un bus à Casablanca, acte de zoophilie de 15 enfants marocains à l'encontre d'une ânesse à Sidi Kacem, le phénomène de la propagation de la viande verte pendant l'Aid El Kebir, découverte d'une vraie caverne d'Ali Baba dans le domicile d'un député et bien d'autres histoires. Les titres des articles de la plupart des sites d'information marocains sonnent tellement faux qu'on y croit sans vraiment nous poser de questions. Mais qu'est-il arrivé à nos Médias? Ils ont tout simplement été contaminé par la vague du clickbait. Mais alors, c'est quoi le clickbait et pourquoi nos médias sont-ils aussi friand d'une technique Marketing qu'ils utilisent à mauvais escient ? 


Le clickbait est une technique de titraille que la majorité des marketeurs et des journalistes utilisent pour attirer l'attention des internautes. Pour la petite histoire, il semblerait que le Huffigton Post de Jonah Perriti soit le pionnier en la matière à travers la mise en forme de titre à sensationnels couplés d'images provocantes. 

Les articles du Huffigton Post sont très vite devenus plus provocants, plus séduisants, plus cliquables que la majorité des autres articles concurrents. Même pour le sujets relevant du Hard News en politique et en économie, le Huffpost a réussi à canaliser l'attention des internautes. Son secret? des Headlines originaux qui nous pousse naturellement à cliquer tout en connaissant pertinemment ce qui se cache derrière. 

Cette technique qui promettait de révolution le monde du Web Content n'a pas eu le même effet sur la planète du journalisme. Au delà des Fake news et des rumeurs, le clickbait est considéré comme particulièrement ravageur car il véhicule une vérité ou des informations approximatives tout en faisant usage d'hyperbole pour accentuer l'ampleur des propos. Il est le contraire de l'exactitude et de l'objectivité de l'information qui sont l'une des règles maîtresse du journalisme. 

Pourtant, le passage à l'ère digitale oblige les journalistes et les rédacteur en chef du monde entier à changer de paradigme. Il faut absolument attirer l'attention des internautes par tous les moyens possibles : en ajoutant des photos, des vidéos ou en travaillant sur la titraille. 

Le clickbait est bon quand il est utilisé pour bien communiquer ou vendre un article; et surtout quand la promesse du titre est tenu dans le contenu de l'article. Cela dit, ce dernier devient mauvais quand le journaliste en fait usage à tort et à travers surtout dans un contexte de mondialisation. 

Dans un monde où l'ubiquité médiatique fait rage, le mauvais clickbait a des conséquences terribles, limite apocalyptiques. C'est le cas par exemple des médias francophones en France comme lemonde.fr ou bfmt.tv qui ont repris les informations sur la zoophilie à Sidi Kacen alors que celles-ci ont été démenti plus tard par le site d'information marocain Desk.ma

Alors, pourquoi nos médias utilisent le clickbait? Vous allez certainement me dire que c'est pour gagner plus de lecteurs et donc plus d'argent à travers les revenus publicitaires.  Nos journalistes ont vraiment conscience de leurs actes ? les patrons des sites d'infos encouragent-ils vraiment cette manœuvre ? Savent-ils que Facebook a pris et prend toujours des mesures à l'encontre du clickbait ? Et enfin, les médias marocains gagnent-ils vraiment de l'argent avec cette technique?  


samedi 26 août 2017

Pour un débat national sur le nouveau rôle des journalistes au Maroc




Les médias marocains sont en plein changement. Nouveaux modèles économiques, nouvelles stratégies de développements, nouveaux formats, utilisations de technologies et des réseaux sociaux sont autant d’éléments qui confronte les médias (TV, radio ou presse écrite) à un nouveau paradigme. Mais qu'en ai t-il du rôle du journaliste ? Dans un monde où l'ubiquité médiatique fait rage, les journalistes sont-ils toujours conscients de leur importante dans cette chaîne de valeur ? 

Les derniers événements au Maroc (viol collectif, inceste, agressions sexuels dans la rue) montrent que les journalistes marocains sont complètement perdus et déboussolés. Pris dans l'engrenage de la réactivité et de l’immédiat, nos journalistes ne font plus la part des choses. Ils n'ont pas le temps ni l'espace pour avoir assez de recul afin de creuser un sujet et encore moins identifier une problématique. 

La plupart des journalistes marocains ne sont pas conscients de leur importance dans ce nouvel écosystème. Leur rôle ne peut plus être confiné à transmettre ou raconter une information de manière objective. Tout le monde est en mesure de le faire sur les réseaux sociaux. Et quelle est donc la valeur ajoutée du journaliste ? Dénicher une photo ou une vidéo pour illustrer une information ? 

Le travail d'un journaliste est dur : physiquement, mentalement et moralement. Aujourd'hui, ce qui pose vraiment problème à nos journalistes, c'est tout d'abord le mental. Tenir tête à son rédacteur en chef ou son directeur de publication pour lui faire accepter un bon sujet. C'est aussi moral : ne pas raconter de rumeur et de mensonge, violer la vie privé et le droit à l'image d'une source. 

Il y'a donc clairement une obligation de mener une profonde réflexion sur la manière avec laquelle on choisi et on forme nos journalistes. Les rôles et les missions que l'on leur inculque, mais aussi la marge de liberté, les moyens financiers et économiques que leur accorde. Il nous faut un débat national pour parler du rôle, celui d'un acteur de la société qui est en contact permanent avec la société, la société civile et le politique. 

mardi 15 août 2017

10 chose à savoir sur Télé Maroc, la télévision de toutes les promesses


Deux mois après l'imminent lancement de Télé Maroc, le nouveau-né du paysage audiovisuel marocain a fait couler beaucoup d'encre surtout grâce à la très polémique émission la rançon de la gloire animée par la gracieuse Bouchra Ddeau. Voici les éléments essentiels pour comprendre la situation économique de Télé Maroc. 






1- Télé Maroc est une télévision généraliste diffusée en Darija qui compte pas moins de 52 programmes. Il y en a pour tous les goûts : des documentaires, des films, des feuilletons, des matinales et de l'information.

2- A travers Télé Maroc, Rachid Niny veut offrir une plateforme de débats sur tous les sujets qui préoccupent les Marocains et promet des programmes originaux, sans tabou avec un style décalé.

3- Pour bien préparer son lancement en juin 2017, Rachid Nini et son équipe travaille ( 25 ans d'age en moyenne) ont travaillé un peu près trois ans sur la production de contenu.

4- Pour le lancement de Télé Maroc, les équipes de Rachid Niny ont mis en place un ensemble de teaser sur les émissions les plus emblématiques de la chaîne. Ces derniers ont été massivement visionnés et partagés sur les réseaux sociaux.

5- La location de la fréquence satellitaire sur Nile Sat coûte environ 30.000 euros par mois et l'investissement pour la création de Télé Maroc a nécessité un budget type.

6- Télé Maroc a été entièrement financée par les fonds propres de Rachid Niny et son frère qui n'est autre que son associé dans cette affaire.

7- Concernant son modèle économique, Rachid Niny compte miser sur la publicité des annonceurs pour atteindre l'équilibre financier et étoffer ses équipes.

8- Au bout de la première année, Télé Maroc a pour objectif de s’accaparer 30 % de part de marché.

9- Deux mois après son lancement, Télé Maroc possède 110 599 abonnées sur Youtube où il est possible de visionner la chaîne en direct et 495 065 fans sur Facebook.

10- Télé Maroc a suscité une large polémique auprès des internautes, mais aussi auprès des professionnels des médias et pour cause l'émission "Daribat Achouhra" ou la rançon de la gloire en français. Cette émission et son animatrice ont été sévèrement critiquées pour leur manque de professionnalisme et pour leur volonté de provoquer le buzz.

lundi 10 juillet 2017

10 choses à retenir de l'enquête "La Télévision Marocaine à l'agonie"


Modèle économique dépassé, absence de mission de service public et échec de la politique de libéralisation des ondes... voici les principaux résultats d'une enquête sur la télévision marocaine.




La télévision marocaine n’est pas encore morte. Selon le journaliste, Ghassan Wail El Karmouni, cette dernière serait en train d’agoniser. Dans son enquête « la télévision marocaine à l’agonie » dans le magazine « Economie Entreprise » du mois de juillet 2017,  le journaliste évoque plusieurs éléments importants à la compréhension de la nouvelle donne du paysage audiovisuel marocain. Des scores à l’audience jusqu’au financement et au modèle économique de la télévision marocaine, voici les 10 choses à savoir sur la télévision marocaine en 2017.


  1. Pendant le mois de ramadan 2017, la chaîne Al Aoula de la Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision (SNRT) a enregistré un score qualifié du plus bas historiquement soit 6,4%. 
  2. Selon les études d’audiométrie commanditées par la HACA, plus de la moitié des Marocains regardent les chaînes étrangères. 
  3. Après 12 ans de libéralisation des ondes, la politique audiovisuelle publique sonne comme un véritable échec. 
  4. Le modèle économique de la télévision publique marocaine doit être redéfini dans la mesure où la télévision subit des blocages politiques, la télévision étant considérée comme un outil de propagande étatique, mais aussi des blocages économiques dont la mesure où la télévision publique est en concurrence avec les projets privés. 
  5. Aucune mention relative à la qualité des programmes ou à leurs objectifs ne figurent dans les appels d’offres des chaînes de télévision. 
  6. La mission publique est absente. Les chaînes publiques ont délaissé les missions de service public à savoir informer et éduquer pour investir dans le divertissement. 
  7. 11 ans après la définition d’une feuille de route validée par le roi Mohammed VI qui préconise la restructuration de 2M et de la SNRT en société Holding, rien n’a été fait.
  8. L’objectif de la restructuration en Holding devrait jouer un rôle moteur dans le processus de développement du secteur, de remédier aux insuffisances organisationnelles, managériales et d’assurer la mise à niveau souhaitée. 
  9. Les quotas de production externes (30 à 40%) sont impossibles à réaliser. Ils déstabiliseraient financièrement les chaînes.  
  10. La télévision marocaine capte 30% du marché publicitaire et c’est bien 2M qui se taille la part du lion avec plus de 60% des parts de marché.